La Fondation Abbé Pierre publie cette année son 20e rapport sur « L’État du mal-logement en France ». 20 ans après, elle ne s’imaginait pas devoir dresser un aussi dur constat de la situation actuelle. Une occasion de s’interroger sur les blocages structurels, sociaux ou idéologiques, qui produisent aujourd’hui une situation toujours aussi pénible pour plusieurs millions de nos concitoyens, dont plus de 3,5 millions sont mal logés ou même en errance…
Ces personnes, dont on parle finalement davantage à coups de statistiques, la Fondation a voulu montrer leur quotidien de forçats de l’abri, se heurtant aux manques criants de réponses à leurs besoins et à des labyrinthes institutionnels froids ou kafkaïens (malgré les nombreuses mesures mises en œuvre ces dernières années, telles la loi Dalo, le « logement d’abord », le SIAO, etc…), oubliant que derrière chacun de ces millions de ménages, il y a des enfants, des femmes, des vieillards, des hommes, tordus de souffrance et de peur du lendemain, quand ce n’est pas du soir même.
Aujourd’hui, la crise du logement est toujours aussi criante. Et, malgré des intentions politiques qui prêtaient à l’optimisme, certaines des avancées sociales annoncées ont eu bien du mal à se concrétiser quand elles n’ont pas été détricotées en chemin… alors même qu’elles bénéficiaient d’un soutien politique, d’un mandat électoral clair et d’un réel relais dans l’opinion. Pourquoi cette résistance ? Le manque de volonté des acteurs et des financements publics n’est pas seul en cause.
En s’appuyant sur les leçons de ces vingt ans d’action et d’inaction et sur son Contrat social pour une nouvelle politique du logement qui reste en jachère malgré la signature présidentielle, la Fondation Abbé Pierre s’interroge et interpelle à nouveau les pouvoirs publics de tous niveaux dans les responsabilités qui sont les leurs. Pour la vingtième fois. Mais elle garde des raisons de croire qu’elle continuera à dépasser les résistances au profit du plus grand nombre.